C’est une aventure prodigieuse qu’a vécue Serge Vaculik, l’auteur de « Béret rouge ». Capturé par les Allemands lors de la débâcle militaire de juin 1940, ce soldat de dix-neuf ans s’évada de France et fut interné en Espagne et au Portugal, avant de se retrouver prisonnier de Scotland-Yard sur cette terre d’Angleterre… où il était venu s’engager pour combattre l’hitlérisme. Ses difficultés une fois aplanies, il fut admis dans les rangs des parachutistes des Forces Françaises Libres, et se livra à des missions de sabotage sur le sol français. Tombé aux mains de l’ennemi, il fut torturé, échappa par miracle à la fusillade d’un peloton d’exécution, dirigea la Résistance dans un maquis, et participa à la contre-offensive lancée contre les blindés de Von Rundstedt dans les Ardennes. Ce n’est pas seulement parce qu’il est le récit de cette somme extraordinaire d’épreuves et de prouesses, que « Béret rouge » se lit d’un trait, avec passion. Mieux qu’un livre de guerre ou d’aventure, « Béret rouge » est, en effet, la grande épopée du courage et de l’abnégation. L’épopée de garçons de vingt ans appartenant au corps d’élite des parachutistes S.A.S., qui furent plus souvent à la peine qu’à l’honneur. Serge Vaculik ne tire aucune amertume des sacrifices auxquels il a consenti. Son livre témoigne, au contraire, d’une lucidité exemplaire, à peine voilée du léger scepticisme que lui inspirent l’opportunisme et la versatilité des hommes. En ce sens, « Béret rouge » est un document de première importance sur le comportement des êtres qui furent mêlés, de près ou de loin, à la dernière guerre mondiale. On y découvre des pages d’observation tout à fait surprenantes, et utiles à méditer, sur les réactions des fonctionnaires de Vichy, l’inquisition et la brutalité de la police espagnole, l’attitude déconcertante des agents consulaires alliés en pays neutres, la grandeur et les servitudes du tempérament britannique, les trafics médiocres organisés par certains « planqués » dans l’ombre de la France combattante, l’aspect de la paysannerie française au lendemain du Débarquement, etc. Pour toutes ces raisons, « Béret rouge » de Serge Vaculik est une œuvre dont la connaissance demeure indispensable à tous ceux qui veulent se faire une opinion précise de la laborieuse Libération de l’Europe.