Vallon de la Selle, massif des Écrins, 1913. Faute de disposer d’espaces suffisants pour les cultures, les habitants des hautes vallées se replient sur l’élevage ovin, les bêtes se contentant de la maigre pitance des alpages d’altitude. Voici un livre inédit sur une période oubliée de l’alpinisme français : l’entre-deux-guerres. Le fonds photographique, issu des collections de deux acteurs marquants de cette époque, les alpinistes-photographes Daniel Chalonge et Pierre Dalloz, est exceptionnel. La richesse de l’iconographie se trouve confortée par des textes à la saveur historique qui nous plongent dans l’ambiance du début du siècle dernier. L’entre-deux-guerres : une période oubliée alors qu’elle s’avère riche en rebondissements et en mutations. Elle sonne d’abord le renouveau de l’alpinisme français, qui prend enfin place parmi l’élite sur la scène internationale. Elle dérive, mais en évitant l’ostentation, vers un aménagement (refuges, sentiers) qui ouvre le terrain aux loisirs et au tourisme. Elle confirme un exode rural préoccupant, paradoxalement enrayé par l’arrivée du phénomène du ski et des sports d’hiver, qui redessine l’environnement hivernal sans toutefois encore trop le défigurer. Elle préfigure (déjà !) les bouleversements géomorphologiques à venir, même si les effets de la décrue glaciaire ne se traduisent guère visuellement. Même la photo, ici à l’honneur, vit sa petite révolution. Bref, c’est la montagne dans tous ses éclats ! Les photos qui illustrent cet ouvrage, presque toutes inédites, exaltent les facettes de la montagne d’alors, mais surtout, elles laissent la part belle à l’action et aux personnages en situation. Là réside leur force intemporelle : mettre en lumière des gens qui jusque-là devaient se contenter de rester dans l’ombre. L’essence de la photographie.