“Sol Mineur, Ballade Matheysine” est un ouvrage qui renouvelle la vision de la région minière de La Mure. Les auteurs ont en effet choisi de privilégier la démolition des bâtiments de la mine, symbole de la fin d’une activité économique et d’une sociabilité ouvrière fortement ancrée depuis le XIXème siècle. En mettant en rapport la sérénité des paysages matheysins et la violence des images de destruction, ils insistent sur la mémoire double d’une population à la fois fière d’habiter une région à l’identité solide et triste d’avoir vécu la fin de ce qui contribuait à forger une grande part de cette identité : la mine. Il n’est pas dans l’air du temps de montrer des scènes de destruction de patrimoine, à l’heure où l’on prône la conservation systématique ! Néanmoins, c’est faire aussi oeuvre de mémoire que fixer les instants de “traumatisme” évanouis bien vite dans la violence des bulldozers et des pelleteuses. Les photographies et les poèmes de “Sol Mineur, Ballade Matheysine” sont une invitation à considérer le patrimoine minier comme une réalité vivante dans la mémoire de ceux qui l’ont connu. Ce sont aussi des traces modestes destinées à redonner de la voix aux soubresauts d’une époque qui se termine. Dorénavant muet, le paysage matheysin se pare de restes miniers : chevalements ou autres… Dans cette demi-vie, que deviennent les hommes et leurs souvenirs dignes ? C’est de ce “patrimoine” qu’il est question ici : photographies, poèmes pour ne pas oublier l’humanité à l’œuvre. Du travail et du rêve ! L’utopie de durer…