L’arbre aux sept vies – Sylvette Béraud-Williams, Sylvie Marron-Crolard – 1975

Au commencement il y eut Philémon, le père, conquistador de ce Nouveau Monde dont il étendait la carte à coups de terres rassemblées comme il engrangeait le foin de ses chevaux à pleins bras. Et la ferme des Combeaux se posa sur la crête des pentes, citadelle couvant une cascade de jardins en terrasses suspendues, avant l’écume drue des prés et le moutonnement des châtaigniers. Plus tard, ils furent sept, les fils de Philémon – fini le temps des guerres et des saisons aux betteraves, à la batteuse ou aux vendanges -, à rallier la maison-arche pour y mûrir leur vie, ensemble et solitaires. Leurs années ont glissé dans la sagesse d’un ordre immuable. Reins cassés de s’être trop amoureusement courbés à hauteur du sol, mains nouées par l’étreinte du béchard ou de l’esterpe, pas et souffle rythmés par la raideur des pentes, ils sont à la terre autant que la terre est à eux. Aujourd’hui la vitalité des arbres et des sources échappe à leurs forces déclinantes ? C’est la loi. La brutalité des techniques contemporaines va effacer les outils du passé et l’antique patience ? Sans doute. Mais demeurera l’essentiel, dont Sylvie Marron-Crolard et Sylvette Béraud-Williams portent témoignage, la leçon d’une harmonie féconde entre l’homme et la nature, d’un apprivoisement réciproque qui nous garde d’un avenir dévoré par les nouvelles technologies et l’obsession pathologique du rendement, et nous ouvre les voies de la fidélité, de l’amour et de l’espérance.

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