Promenades en Dauphiné et en Provence avec Stendhal – Thierry Boissel – 1977
Promenades en Dauphiné et en Provence avec Stendhal – Thierry Boissel – 1977
Le Grenoblois Stendhal est aussi un peu provençal par sa mère, ce qu’on ignore le plus souvent. Son regard comme ses itinéraires témoignent de cette dualité. Il a tendance à rejeter le Dauphiné, son pays natal, où pourtant il finit toujours par revenir, à exalter la Provence « ce pays de poussière et de lumière éblouissante », où il ne fait que passer. De même, il oppose le caractère tatillon, borné, finassier des Dauphinois à la gaieté méridionale, à la franchise et au naturel du caractère des Provençaux. Tout Stendhal est là : profondément subjectif, il aime ou il n’aime pas. Ainsi ses pas nous conduisent de Grenoble — d’abord haï — à ces belles montagnes interdites où « le rebelle » va parfois se promener : Vercors, Grande Chartreuse, Taillefer. Il voit en elle la terre promise. Les grands cols, il les imagine ouverts sur l’aventure, la liberté : ce sera l’Italie et la Provence. Ses voyages, il les fait à dos de mulet, à cheval ou encore sur un bateau à vapeur pour descendre le Rhône de Valence à Avignon. Il vit un grand amour à Marseille et puise son inspiration de romancier dans des villages du Bas-Dauphiné : Thuellin, Brangues ou du Grésivaudan : Allevard, Saint-Ismier. À la fin de sa vie, il fait du « tourisme » sous les traits d’un négociant et observe « ses » pays d’un œil à la fois ironique et passionné. Puis retrouve avec émotion Grenoble et son Jardin de Ville. « Des gens d’esprit, une ville embellie. » Par une fenêtre du musée qui donne en plein midi, il voit «… au-dessus des délicieux coteaux d’Échirolles couverts par leurs châtaigniers si frais, la plaine du Pont de Claix